Les pièges à éviter
Les stratégies à adopter
Comment aider une personne qui souffre d’une addiction :
– à une substance (tabac, alcool, médicaments, stupéfiants,…)
– ou à un comportement (jeux d’argent, sexe, sport, travail, achats, jeux vidéo,…) ?
1. Repérer où en est cette personne
Cette première analyse est cruciale, car trop souvent l’entourage voudrait aider cette personne « en décalé », ce qui est totalement inopérant.
– Nie-t-elle avoir un problème avec ce que vous constatez objectivement agir sur elle comme une drogue ? Elle est alors au stade du déni, de loin le stade regroupant le plus de personnes ayant un trouble de l’usage d’une substance ou d’un comportement. Elle ne se soucie pas de sa dépendance, qu’elle ne considère pas être un problème.
– Reconnait-elle ce problème, sans pour autant avoir pour ambition de s’en extirper ? Elle est en phase de prise de conscience. Cela lui permet de connaître plus ou moins précisément son état, de comprendre pourquoi on s’inquiète pour elle, et de faire des choix avec plus ou moins de clarté.
– Est-elle engagée dans un processus de réduction ou d’arrêt de cette drogue ? En ce cas elle est en période de sevrage, c’est-à-dire dans une période de recherche de nouvel équilibre, notamment cérébral et corporel, sans ce produit ou ce comportement qui avait pris une place majeure.
– Ou bien a-t-elle besoin de garder ses distances avec cette addiction, dans la persistance, après avoir réussi à contenir sa consommation à ce qu’elle estime correct, ou même à la faire sortir de sa vie ?
2. En déduire ce qu’il faut faire, et ne pas faire
En phase de déni
Vous souhaitez aider une personne à sortir de son addiction et de sa dépendance, mais elle-même refuse votre diagnostic, et dit ne pas être « accroc » ? Gardez en tête que, si vous avez raison, cette personne ne sait pas qu’elle est tombée dans le piège de l’addiction. Vraiment.
– Ne lui demandez pas de se ressaisir ou de se sevrer
– Ne la jugez pas, ne la dévalorisez pas
– Ne la surveillez pas, ne l’infantilisez pas
C’est difficile, n’est-ce pas ? Cela vous semble important, nécessaire ou viscéral de dénicher les bouteilles d’alcool cachées et de les vider dans l’évier, par exemple. De hurler ou de déverser froidement ce que vous pensez de son attitude. De lui demander d’arrêter. De perdre confiance. De perdre patience. C’est sûrement “naturel”, habituel de la part de l’entourage. Mais c’est aussi sûrement inefficace.
Tout l’enjeu ici sera de lui faire prendre conscience de son addiction, tout en gardant une position saine envers elle. Or, à ce stade, il est rare que la personne sous emprise accepte de rencontrer un spécialiste, et à moins d’une urgence médicale il ne nous est pas permis d’initier un contact avec elle.
Pour parvenir à cet objectif, VOUS pouvez consulter un professionnel soumis au secret professionnel qui vous formera, déterminera avec vous les comportements à adopter, et vous soutiendra dans cette démarche, parfois longue (mais efficace).
En phase de prise de conscience
Là encore, n’allez pas trop vite, au risque de perdre la relation de confiance que vous avez avec la personne dépendante, qui est aussi et surtout votre proche (conjoint, parent, enfant, ami,…) :
– Ne la culpabilisez pas, ne lui présentez pas la liste des conséquences de son addiction
– N’ayez pas d’exigence, ne lui imposez pas de consulter ou de se sevrer
– Ne doutez pas de ses difficultés à « se réveiller »
Le déni, c’était pour elle, quelque part… plus facile. Réaliser que l’on est addict, que l’on a un comportement anormal, que l’on est allé trop loin et qu’on ne maîtrise plus sa relation à un produit ou à un comportement à effet psychoactif, une drogue, que l’on ne SE maîtrise plus, est violent, choquant, déroutant.
C’est alors que la personne pourra choisir de se confier, en général à un interlocuteur reconnu et neutre plutôt qu’à son entourage, et en imposant des limites dans l’exposition de soi (consultations à distance, anonymes, durant lesquelles tout ne sera pas avoué,…). Et parfois, elle préfèrera ne pas se confier du tout.
Aussi, deux cas peuvent se présenter :
– La personne accepte et peut être accompagné(e par un professionnel, qui l’aidera à acquérir une meilleure connaissance de sa situation, et lui proposera de la faire évoluer avec son soutien.
– Elle refuse cet accompagnement et vous restez le seul levier d’aide. Dans ce deuxième cas particulièrement, mais aussi dans le premier cas, vous pouvez vous faire accompagner pour mettre en place de bonnes pratiques relationnelles et pour déverser votre trop-plein dans les moments difficiles.
Le temps et les expériences peuvent amener de nouvelles décisions, comme celle de se faire accompagner dans un sevrage après plusieurs essais autonomes qui ont échoué.
En phase de sevrage
Si la personne sous emprise d’une drogue choisit d’entamer un sevrage, elle entre dans une phase particulière, qui a elle aussi son lot de difficultés. Encore une fois, ne soyez pas en décalage : se sevrer n’est pas consolider son sevrage, forcer la réduction ou l’arrêt n’est pas persévérer dans ses nouvelles habitudes ou son abstinence…
– Ne sous-estimez pas la difficulté de s’extirper d’une drogue, avec ou sans substance
– En cas de rechute, ne la culpabilisez pas, et ne désespérez pas
– Ne criez pas non plus victoire trop vite
Se sevrer est à peu près aussi difficile que de marcher sur un fil. Il faut beaucoup de courage pour se lancer, un équilibre sans cesse remis en cause pour avancer, et une victoire acquise avec le temps et la distance.
Là encore, de nombreux pièges existent. Vous avez envie d’y croire, au point de ne pas supporter une éventuelle rechute. Ou, au contraire, vous avez l’impression que la personne est trop faible, ne s’y prend pas bien, devrait plutôt faire ceci ou ne pas faire cela… Les tentations d’ingérence, de surveillance, de jugement sont présentes. Pour lutter contre :
– Proposez à la personne en phase de sevrage de se faire aider par un professionnel qui lui apportera compréhension, soutien et conseils pratiques. Souvent, elle-même en éprouvera le besoin, et sera mieux à l’aise d’avouer une addiction qu’elle se sent apte à “archiver”.
– Faites-vous accompagner : de bonnes pratiques existent, des pièges sont à éviter, et il serait dommage de commettre des erreurs à vouloir bien faire.
En phase de persistance
Persistance n’est pas sevrage. Les dangers à éviter ici sont spécifiques à ce plateau atteint par votre proche, qui peut se dire ex-addict(e), ou dépendant(e) abstinent(e). Ces termes ne disent pas tout à fait la même chose, n’est-ce pas ?
– Ne tentez pas le diable : une vérification pourrait se transformer en rechute
– Ne regardez pas cette personne aujourd’hui en voyant son image passée
– Ne minimisez pas l’enjeu actuel, qui n’est plus l’intensité mais la constance
Le principal risque, ce sont les rechutes. Il reste donc important d’agir avec clairvoyance.
– Interpelez un spécialiste qui saura vous écouter et vous conseiller de manière appropriée, à chaque fois que le besoin s’en fait sentir.
– Invitez la personne qui a connu une période de vie en situation d’addiction à faire de même.
A bientôt !
Pingback: Quand arrêteras-tu de regarder des films pornographiques ? - Cabinet Social
Pingback: Un travailleur social addictologue ? - Cabinet Social
Pingback: Prévention individuelle du karoshi - Cabinet Social
Pingback: Un travailleur social addictologue ? - Cabinet Social
Pingback: Quand arrêteras-tu de regarder des films pornographiques ? - Cabinet Social
Pingback: Prévention individuelle du karoshi - Cabinet Social
[Commentaire effacé. Tentative de publicité pour un “marabout”, mais ce site a ses commentaires modérés.] ;)